Michel Onfray et la religion verte

Lundi, 09 Novembre 2009 14:51 Matchail Brèves
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Michel Onfray chez Siné Hebdo

Extrait des paroles de Michel Onfray, lors d'une rencontre avec la rédaction de Siné Hebdo, interview parue dans le n°60, sorti le 28 octobre :

Siné Hebdo : Plus globalement, comment croyez-vous qu'on puisse sortir de la crise ? Vous parlez de "capitalisme libertaire"...

Michel Onfray : Oui, ça me vaut nombre d'insultes de la part d'un certain nombre de gardiens du dogme anarchiste ou gauchiste. Pour moi, une partie d'entre eux sont des curés, des croyants plongés dans leur catéchisme, qui croient que la vérité historique dialectique d'un moment est éternelle. Ils répètent : "Bakounine a dit" comme les scolastiques du Moyen-Âge disaient "le maître a dit"... (...) Au XIXe siècle, le libéralisme s'ajoute au capitalisme. Le libéralisme, c'est un mode de répartition des richesses défini par le marché qui fait la loi, toute la loi. Le capitalisme, lui, peut être soviétique. Il peut être financier, comme celui qui vient de s'effondrer. On a connu le capitalisme consumériste (...) Maintenant, les phases se succèdent. La question est : est-ce qu'on pourrait avoir un capitalisme libertaire ? (...) Si on garde le principe du capitalisme, c'est-à-dire la production des richesses par des moyens privés, et qu'on lui ajoute la répartition des bénéfices sur un principe libertaire, cela ne me paraît pas du tout impossible... (...) Mais pour l'instant, ce qui se profile serait plutôt un capitalisme écologiste, politiquement correct. On est dans un retour de la culpabilité judéo-chrétienne. Les gens sont contents car on leur donne une nouvelle religion, une religion verte. Et la passion pour l'agenouillement est grande..."

Même si toute l'interview est passionnante, c'est le dernier point qui intéresse Billet écolo : cette idée que l'écologie est en train de devenir la nouvelle religion, et qu'elle nous incite à des comportements proches de ceux des croyants, avec la culpabilité - j'ai laissé la lumière allumée, je prends ma voiture au lieu d'y aller en vélo... - et la morale qui l'accompagnent. Dans ce passage, Michel Onfray "dit clairement tout ce que je ressens confusément" (jolie expression employée récemment par Albert Dupontel, sur Dailymotion). En effet, ce risque existe. Non pas que l'écologie défendue sur Billet écolo porte en soi une doctrine religieuse - au contraire, elle se veut éthique, coopérative, et, surtout, incitant à réfléchir par soi-même. Mais parce que l'écologie qui a la faveur des politiques et des médias, le "Développement Durable" - c'est cela, semble-t-il, que Michel Onfray appelle "capitalisme écologiste" - est effectivement en train de devenir une religion verte.
On pourrait aussi remarquer que l'écologie possède ses intégristes (possédant la vérité ultime et donc assez peu ouverts à la discussion), ses prophètes (médiatiques - Hulot, Al Gore - ou plus confidentiels - P. Rahbi, Ivan Illich), et ses membres du clergé cyniques utilisant l'écologie pour vendre, manipuler l'opinion ou acquérir du pouvoir ou de la notoriété... Mais c'est sans doute lié plus à la nature des humains qu'à l'écologie elle-même.

Ainsi, le Développement Durable ayant la faveur des médias et des politiques, il semble intéressant de s'interroger sur les similarités entre cette forme d'écologie et une religion, et sur les conséquences de ce rapprochement.

Le philosophe soulève là une question vraiment passionnante, j'y reviendrai très probablement sur Billet écolo !

 

Bonus :