Il faut absolument que je vous parle sommet de Copenhague sur le Climat, qui se tiendra au mois de décembre !
Pourquoi on nous casse les oreilles avec Copenhague, c'est encore une réunion de blabla sur l'environnement, non ?
Non ! Ce n'est pas un sommet quelconque, c'est le petit frère du sommet sur le Climat de Kyoto ! C'est LE sommet au cours duquel les dirigeants vont décider des objectifs de réduction des émissions de GES pour l'après Kyoto, c'est-à-dire après 2012.
C'est vraiment grave si Copenhague est un peu raté ?
Oui ! Si les objectifs fixés à Copenhague sont insuffisants, c'est vraiment ennuyeux ! C'est comme si les états décidaient collectivement de capituler face aux changements climatiques. Vraiment ! Parce qu'après Copenhague, on n'aura pas d'autre occasion de rectifier le tir :
- Kyoto était un peu symbolique : il s'agissait pour les états de dire "on a pris conscience de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, que ceux qui veulent qu'on fasse quelque chose lèvent la main". Les objectifs étaient peu ambitieux et très consensuels pour les pays riches, qui ont ratifié le protocole sans trop de problèmes. Quand aux pays émergents, le protocole de Kyoto ne leur fixait aucune contrainte, considérant que leur droit au développement ne devait pas être entravé, ils l'ont donc ratifié très facilement.
- Copenhague ne doit pas être symbolique, et ne peut laisser de coté la responsabilité des pays émergents, dont les émissions ont considérablement augmenté (la Chine émet déjà plus de GES que les Etats-Unis) : la durée de séjour des gaz à effet de serre dans l'atmosphère et la difficulté de faire évoluer nos sociétés imposent d'agir en faveur du climat dès maintenant et dans les 3 à 5 années qui viennent. Tous, sans exceptions (mais avec des objectifs différents en fonction de la capacité à agir) !
- Après, nous n'agirons plus pour éviter les changements climatiques mais pour nous débattre avec leurs conséquences pour nous, les écosystèmes et les phénomènes climatiques, ce qui est plus inquiétant !
- Or Copenhague va programmer les objectifs mondiaux jusqu'en 2017 minimum : le sommet suivant viendra trop tard si Copenhague est raté...
Concrètement, que faut-il pour que Copenhague soit réussi ?
Le Protocole de Kyoto fixait pour 2012 un objectif mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 5% par rapport à 1990, l'année référence, pour l'ensemble des pays industrialisés. D'ici 2050, le GIEC préconise - pour limiter le réchauffement de la Terre à +2°C - de diminuer les émissions mondiales de 80%, minimum ! Pour se diriger vers cet objectif, toujours d'après le GIEC, il faudrait donc diminuer les émissions de GES de 25 à 40% d'ici 2020.
La période concernée par le sommet de Copenhague devrait être la période 2013-2017. Compte tenu des objectifs à atteindre pour 2020, il faudra que les objectifs pour 2017 soient déjà importants. Les premiers échos des discussions déjà engagées parlent de 8% à 14% de réduction, ce qui est bien insuffisant !
Donc, pour que Copenhague soit réussi, il faudrait :
- que l'objectif de réduction soit vraiment important : de l'ordre de 20 à 30% pour 2017.
- que les pays riches ET les pays émergents s'engagent ensemble, les premiers devant réaliser des efforts plus importants et devant soutenir les seconds - technologiquement, financièrement.
- qu'un maximum de pays s'engagent afin que les réductions soient mieux réparties. Après tout, les conséquences des changements climatiques se feront sentir partout sur Terre, il est donc logique que les sociétés humaines, qui en sont responsables, s'associent afin de trouver les solutions ! Il n'est plus temps de se rejeter la faute les uns sur les autres ! (oui, même les européens et les américains doivent cesser ce petit jeu)
A propos de courage politique, la communauté européenne s'est engagée à réduire ses émissions de 20% d'ici 2020 : c'est pas mal, mais c'est déjà insuffisant par rapport aux préconisations du GIEC. Encore faut-il préciser que la communauté européenne est l'instance politique la plus volontariste et engagée sur les questions climatiques... Il y a de quoi être inquiet !
En attendant, qu'est-ce que je peux faire, moi ?
Bonne question ! En effet, il est trop tard pour voter pour un gouvernement ou une assemblée européenne volontaire sur les questions environnementales (Nicolas Sarkozy ou José Manuel Barroso font certes des déclarations d'intentions pleines d'emphase, mais ça ne les empêche pas de faire ou laisser faire le contraire).
Montrons à nos politiques notre volonté de les voir agir pour que Copenhague soit une réussite !
Pour commencer, j'ai signé l'appel commun lancé par 11 associations pour exhorter nos dirigeants à faire suivre leurs discours sur le Climat d'actes et de décisions courageux. Faites-le aussi !
Par ailleurs, sur le même site que la pétition, sont relayées un certain nombre de manifestations plus concrètes : flash mobs, actions symboliques, etc.
La situation est suffisament urgente pour qu'on ne se contente pas de dire "ça ne changera rien" !
*Le réchauffement climatique, ce n'est pas instantané, cela prend du temps. L'inertie est importante, parce que les mécanismes en jeu sont très complexes, et parce que les gaz à effet de serre que nous émettons restent longtemps dans l'atmosphère : les gaz que nous émettrons dans 10 ans cumuleront leurs effets avec ceux que nous émettons actuellement et qui seront encore présents !
Par exemple, le CO2 a une "durée de séjour" moyenne dans l'atmosphère de 100 ans. ça signifie que le CO2 que nous émettons actuellement sera encore là en 2100. Donc l'effet de serre qu'il provoque va être "actif" jusqu'en 2100 et va se cumuler avec celui du CO2 que nous émettrons d'ici là ! Du coup, les émissions actuelles et passées ne sont pas réversible : on ne peut pas diminuer l'effet de serre, on ne peut que réduire nos émissions pour le faire augmenter de moins en moins. E lorsqu'on aura cessé d'émettre des gaz à effet de serre, et donc stoppé l'augmentation de GES dans l'atmosphère, il faudra encore faire face aux conséquences de nos émissions passées. Conséquences qui seront d'autant plus difficiles à affronter que la quantité de GES émise sera grande. Alors comme il n'existe pas actuellement de solution fiable, de grande ampleur, pour "capturer le CO2" et réduire la quantité de GES présents dans l'atmosphère, et que nous n'avons pas la certitude qu'on arrivera à en développer une, la solution évidente est qu'il faut limiter autant que possible nos émissions actuelles et futures. Compte tenu des GES que nous avons déjà émis depuis la révolution industrielle, et de la quantité de GES que nous émettons chaque année, il faut inverser la tendance dans les quelques années qui viennent, sinon nous ne pourrons pas limiter la concentration de GES dans l'atmosphère à un niveau contrôlable.
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